Les champignons présents dans le sol, bien que microscopiques et invisibles à l’œil nu, apportent une contribution notable à l’équilibre des écosystèmes. Ils interviennent dans la dégradation des matières organiques, influencent la structure et la fertilité des sols, et participent à la stabilité globale des milieux naturels. Par le biais des mycorhizes, leur association avec les plantes facilite l’absorption de l’eau et des nutriments, tout en jouant un rôle dans la régulation des grands cycles écologiques, avec des effets sur les pratiques agricoles à long terme.
Les champignons, décomposeurs essentiels
La diversité biologique qui compose le sol est largement portée par l’activité parfois méconnue des champignons microscopiques. Ces micro-organismes remplissent une fonction de décomposition des matières organiques issues de végétaux, d’animaux ou de résidus divers. Cette dégradation libère progressivement des éléments nutritifs tels que l’azote, le phosphore ou le potassium, auxquels s’ajoutent plusieurs oligo-éléments. Ce processus permet aux plantes d’y accéder plus facilement et contribue à maintenir un équilibre nutritif dans le sol.
Dans cet environnement, les champignons mycorhiziens déploient leur réseau de filaments souterrains, agissant comme une interface biologique entre les divers éléments du sol. Ce maillage mycélien favorise l’union des particules, influence positivement la structure, et améliore la capacité du sol à retenir l’eau. Cette organisation souterraine, souvent présentée comme une forme de réseau interconnecté, participe à la résistance des sols contre l’érosion ou à la réduction des pertes en nutriments.
Par ailleurs, les enzymes que ces champignons produisent sont indispensables pour accélérer certains processus biochimiques liés à la transformation des matières organiques. Ces activités rendent possible une minéralisation plus rapide, limitent l’accumulation de débris végétaux et soutiennent, en retour, une production végétale constante.
En somme, ces micro-organismes jouent un rôle central dans l’équilibre écologique des sols. En associant activité enzymatique, structure mycélienne et interactions vivantes multiples, ils influencent les dynamiques végétales et animales tout en offrant une contribution à la séquestration du carbone dans les couches profondes du sol.
Symbiose mycorhizienne
L’interaction entre champignons mycorhiziens et racines de plantes constitue un exemple de collaboration où les échanges sont souvent bénéfiques pour les deux parties. Les filaments fongiques vont chercher l’eau et les minéraux dans des endroits du sol difficilement atteignables par les racines seules. En contrepartie, la plante fournit au champignon une partie des sucres produits lors de la photosynthèse.
Cette relation contribue fortement à une meilleure nutrition de la plante, en facilitant l’absorption de minéraux comme le phosphore ou l’azote. Cela peut parfois entraîner une réduction du besoin en engrais minéraux. Les plantes associées à ces champignons présentent, dans certains cas, une meilleure tolérance face aux aléas climatiques ou aux agressions biologiques, y compris les pathogènes présents dans le sol.
« Les champignons mycorhiziens sont un composant important du microbiote du sol et aident à avoir un sol en meilleure santé. Et un sol en santé est un sol fertile, mais surtout durable. »
(Mohamed Hijri, chercheur à l’Université de Montréal)
Dans le cadre des systèmes agricoles qui misent sur la conservation à long terme des sols, encourager cette symbiose peut représenter un levier pour améliorer leur état général. Certains agriculteurs utilisent à cette fin des biostimulants ou des inoculants fongiques, obtenus dans des conditions maîtrisées, en particulier dans des terres pauvres ou perturbées par les pratiques antérieures.
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Champignons et cycles biogéochimiques
Les champignons présents dans les sols ont également une fonction dans le déroulé des grands cycles des éléments. En s’attaquant à la matière végétale en décomposition, ils facilitent sa transformation en formes plus stables, comme l’humus, capable de fixer durablement du carbone dans le sol. Ce mécanisme contribue indirectement à modérer la quantité de CO2 dans l’atmosphère.
Ils sont aussi impliqués dans des processus de conversion de l’azote sous des formes utilisables par les plantes. Leur présence influence la disponibilité du phosphore, un des minéraux les plus limités dans certains types de sols. En conséquence, ils participent à maintenir une cohérence entre les apports et les besoins nutritifs des végétaux.
Une autre propriété souvent mise en avant concerne la capacité de certains champignons à absorber ou transformer certaines substances considérées comme polluantes. Cela inclut des hydrocarbures, des pesticides ou des métaux lourds. Leur utilisation ciblée est donc envisagée dans certains projets de restauration de sites contaminés, ouvrant des perspectives intéressantes pour des pratiques agricoles plus attentives à l’environnement.
Diversité et capacité d’adaptation
La diversité génétique et fonctionnelle des champignons du sol dépasse largement nos observations visuelles ou expérimentales classiques. Les technologies récentes comme le séquençage d’ADN permettent de découvrir régulièrement de nouveaux taxons et fonctions jusque-là inconnus.
L’ensemble de ces espèces fongiques joue un rôle collectif dans la flexibilité des écosystèmes aux perturbations de toute nature. Parmi eux, certains sont capables de vivre dans des milieux jugés hostiles, ou d’entrer en interaction avec d’autres micro-organismes, formant un tissu vivant structuré et réactif aux changements.
Comprendre la dynamique de cette communauté est devenu un domaine de recherche de plus en plus actif, car cette diversité innerve la solidité des modèles agricoles s’inscrivant dans une logique de transition ou de transformation des sols.
Possibilités d’usage en agriculture
Introduire ou stimuler les champignons bénéfiques dans les systèmes de culture représente une démarche soutenant la qualité des sols. Grâce à l’usage maîtrisé de préparations fongiques ou à l’ajout de composts riches en microorganismes, il est possible de renforcer cette composante vivante du sol.
Certaines méthodologies agricoles comme le maintien d’un couvert végétal permanent, une rotation des cultures adaptée ou une perturbation minimale du sol favorisent l’installation durable du mycélium. Ces pratiques visent à restaurer des équilibres biologiques précédemment altérés.
Plusieurs expérimentations menées dans divers contextes agricoles donnent à penser qu’un travail prolongé sur la diversité fongique peut apporter un soutien tangible en matière de productivité, de contrôle des maladies, mais aussi d’indépendance vis-à-vis des produits exogènes. Cette approche invite à redéfinir la place des champignons dans les approches agroécologiques du sol, non plus seulement comme agents de décomposition mais comme éléments structurants.
Comparaison des rôles des champignons
Type de champignon | Rôle principal | Interaction avec les plantes | Impact sur la fertilité |
---|---|---|---|
Mycorhiziens | Interaction souterraine, accès aux minéraux | Échange entre sucres et éléments du sol | Amélioration de la croissance et meilleur accès nutritif |
Saprophytes | Dégradation des matières végétales | Interaction indirecte | Libération d’éléments minéraux |
Pathogènes | Production de maladies | Relation parasitaire | Réduction du rendement |
Endophytes | Adaptation et tolérance aux agressions | Présents dans les tissus végétaux | Impact positif sur la résistance des plantes |
Ils possèdent une taille microscopique et vivent sous terre, formant des réseaux filamenteux non perceptibles à l’œil nu.
Ils participent au recyclage de la matière organique, soutiennent les plantes, contribuent au stockage du carbone et renforcent la résilience écologique.
Oui, leur maintien ou leur présence peut réduire les apports extérieurs et encourager une meilleure stabilité du sol.
Un déséquilibre peut favoriser l’émergence de champignons indésirables ou perturber le fonctionnement global du sol.
Les champignons présents dans les sols remplissent des tâches multiples et souvent discrètes, indispensables au fonctionnement global des écosystèmes terrestres. Leur capacité à transformer la matière, à interagir avec les racines des plantes et à jouer un rôle dans les cycles naturels fait d’eux des acteurs à ne pas négliger. Mieux les comprendre et soutenir leur présence revient à mieux anticiper les évolutions nécessaires vers une gestion prévoyante et plus stable des ressources agricoles.
Sources de l’article
- https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/plantes-et-vegetaux/decouvrez-la-planete-invisible-et-pourtant-si-precieuse-des-champignons_180271
- https://exploreur.univ-toulouse.fr/microcosmos-les-champignons-peuple-invisible-de-nos-sols
- https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-03-avril-2024-5321781