Notre système économique repose sur la consommation. Or, plus un appareil fonctionne longtemps, moins il est renouvelé. Partant de ce constat, les industriels ont décidé de forcer certains équipements à cesser de fonctionner au bout d’un certain temps. Moins un appareil est réparable, plus les chances de rachat augmentent. Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ? L’obsolescence programmée est donc un moteur artificiel de consommation. Elle peut prendre plusieurs formes, bien que l’objectif soit toujours le même. Nous verrons dans cet article que cette technique de vente n’est pas récente. De plus en plus décriée, l’obsolescence programmée participe grandement à l’épuisement des ressources et à la pollution engendrée par le renouvellement inutile des équipements.

L’obsolescence programmée : définition

L’obsolescence programmée est le fait de diminuer sciemment la durée de vie d’un article pour en augmenter les ventes. Les industriels sont principalement à l’origine de cette pratique, qui prend d’ailleurs plusieurs aspects.

L’obsolescence technique

L’obsolescence technique réside dans le fait de ne pas pouvoir réparer un appareil. Les pièces de rechange sont inexistantes, ou l’appareil ne peut être démonté, par exemple.

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L’obsolescence esthétique

L’obsolescence esthétique, connue également sous le nom d’obsolescence culturelle ou psychologique, incite les consommateurs à renouveler inutilement un équipement. À grand renfort publicitaire, le fabricant cherche à convaincre que chaque nouveau modèle est mieux que le précédent. L’objectif est de rendre l’ancienne version du produit « has-been » afin de créer une frustration chez son possesseur, et ainsi déclencher l’achat du dernier modèle, beaucoup plus tendance.

L’obsolescence logicielle

Comme son nom l’indique, cette forme d’obsolescence touche particulièrement les équipements numériques. Le matériel est en parfait état de fonctionnement, mais ne peut plus être utilisé pour diverses raisons : les nouveaux logiciels ou jeux vidéo ne sont plus compatibles, les mises à jour ne peuvent plus être effectuées, les applications récentes ne peuvent pas être téléchargées…

Petite histoire de l’obsolescence programmée

Quand est apparue l’obsolescence programmée ?

La révolution industrielle a permis de développer la fabrication de produits en très grande quantité. Mais encore fallait-il que les marchandises soient vendues. À cette époque, au début du XIXe siècle, les produits étaient conçus avec des matériaux de qualité et faits pour durer. Mais comment vendre des produits qui n’ont pas besoin d’être renouvelés ? Dès les années 1920, l’idée de les rendre obsolètes ou inutilisables volontairement a alors germé dans l’esprit mercantile des industriels américains. L’obsolescence programmée était née. C’est ainsi qu’aujourd’hui les bas nylon filent et que les ampoules grillent.

Quel objet a été la première victime de l’obsolescence programmée ?

Mises sur le marché en 1881, les premières ampoules fonctionnent jusqu’à 1 500 heures. Des progrès techniques permettent ensuite d’allonger leur durée de vie qui atteint les 2 500 heures. L’argument de vente réside alors dans la longévité d’utilisation de ces ampoules. Vient ensuite la création du Cartel Phébus, en 1924, regroupant en son sein les plus gros fabricants d’ampoules, tels que Philips, Osram ou encore General Electric. L’objectif commun de ces industriels est de diminuer le temps de vie des ampoules pour favoriser leur renouvellement. La stratégie opère puisque les ampoules repassent à 1 500 heures d’utilisation deux ans après la création du cartel. Pire, arguant d’arguments fallacieux, le cartel Phébus parvient à fixer la durée de vie standard d’une ampoule à 1 000 heures.

Lutte contre l’obsolescence programmée

L’obsolescence programmée est synonyme de gâchis, de surconsommation, et de pollution. Cette technique qui pousse à acheter toujours plus va à l’encontre de toute logique de sauvegarde environnementale. La loi anti gaspillage pour une économie circulaire, dite loi AGEC, renforce les dispositions existantes visant à affaiblir l’obsolescence programmée :

  • Depuis le 1er janvier 2021, les produits électriques et électroniques se voient attribuer un indice de réparabilité. Le consommateur sait ainsi si l’article qu’il achète est facilement réparable ou pas ;
  • Il devient obligatoire pour les SAV de proposer la réparation d’un équipement défectueux au moyen de pièces de rechange issues de l’économie circulaire. Cette mesure concerne les appareils électriques et électroniques, et inclura le secteur automobile dès le 1er janvier 2022.

Enfin, souvenons-nous que nous sommes également acteurs du système actuel. En cédant à l’appel des sirènes de la consommation, nous entretenons l’obsolescence programmée. Et méditons sur ce que Coluche disait il y a déjà quelques années : « Il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça ne se vende pas ».